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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

cesse. Toujours ma voix vers Dieu, afin qu’il m’entende.

Dieu voudra-t-il me rejeter éternellement ? ne se montrera-t-il plus jamais exorable ?

Sa clémence est-elle morte pour l’éternité ? sa promesse est-elle épuisée, dans la durée des âges ?

Dieu a-t-il oublié sa pitié ? ou a-t-il enchaîné sa miséricorde dans sa colère ?

Ô Dieu, tes conseils sont tout divins. Quel dieu est comparable à la majesté de Dieu ?

Tu es le Dieu qui fais les miracles : tu as fait connaître aux nations ta puissance.

Tu as de ton bras revendiqué ton peuple, la postérité de Jacob et de Joseph.

Les flots t’ont vu, ô Dieu ! les flots t’ont vu, et ils ont tremblé ; les abîmes mêmes se sont troublés.

Les nuées ont débordé en orages ; le ciel a retenti : alors tes flèches ont couru dans les airs,

Et la voix de ton tonnerre dans le tourbillon ; les foudres ont éclaté sur le monde ; et la terre tremblante s’est émue. »

Ce degré suprême de force dans le calme de l’expression, ces passages de la terreur à l’espérance, cette peinture simple d’une grandeur infinie, ce sont là des beautés que nous citons ici, non pour les comparer, mais pour les dire incomparables ; c’est une poésie au delà des poésies humaines, comme le Dieu de Moïse est, pour l’imagination même, au-dessus de