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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

du Psalmiste ! « Où irai-je pour cire hors de ton souffle ? Où m’enfuirai-je de ta présence ? Si je monte au ciel, tu es là ; si je me couche dans les abîmes, je t’y trouve près de moi. Quand je prendrais les ailes de l’Aurore et que je porterais ma tente aux confins des mers, là même, c’est ta main qui me conduira sur la route, ta main qui m’établira. J’ai dit : Les ténèbres vont m’envelopper et la nuit me couvrir. Mais les ténèbres ne cachent pas de toi. Devant toi la nuit brillera comme le jour, l’obscurité comme la lumière. »

Sous ces feux d’une incomparable poésie, la pensée se sent éblouie ; et cette grande peinture dont Platon nous étonnait tout à l’heure, n’est plus qu’un reflet amoindri de la splendeur du jour, qu’un de ces seconds arcs-en-ciel où vont s’affaiblissant les plus éclatantes couleurs, qui d’abord, après l’orage, avaient couronné les voûtes célestes d’un premier cercle glorieux que bordaient les cimes des montagnes.

Certes, si cette poésie est venue d’un esprit d’homme, c’est d’un esprit transformé par la grâce divine, comme, à la descente du Sinaï, le visage de Moïse était encore resplendissant de la lumière qu’il avait vue.

Que cette poésie des Hébreux fût enfermée dans le sanctuaire, cachée dans les rangs d’une race choisie, ou qu’il en ait brillé quelque lueur au dehors, cette poésie fut admirable. Elle demeure aujourd’hui l’histoire et tout le génie de ce peuple, mort et vivant, à