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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

pation étrangère. Certes, cette session législative pour les droits d’un peuple, au milieu de l’attente silencieuse du continent, ce second parlement libre et hardi dans ses remparts assiégés, comme le parlement d’Angleterre l’était dans son île, c’était là un grand exemple pour le monde. Là commence une époque nouvelle pour l’Espagne, malgré bien des espérances avortées, bien de monotones retours des mêmes violences interrompant les mêmes rêves de liberté ou les mêmes abus de pouvoir. Du mouvement que suscita cette assemblée date un quart de siècle auquel se rapportent les noms de Quintana, du duc de Rivas, de Gallego, de Zorilla, de Pastor Dias, d’Arguelez, de Martinez de la Rosa.

Ce réveil du génie espagnol ne se bornait pas à l’Europe : il passait l’Atlantique, il agitait Cuba et le Mexique. Déjà, dans le siècle dernier, ces lointains climats nous avaient envoyé plus d’un témoignage de l’influence qu’y prenait l’esprit français. Olavidez, jeune magistrat de la ville de Lima dans le Pérou, avait occupé Paris de ses luttes contre l’Inquisition dans les deux mondes, de ses disgrâces et des efforts heureux de son active industrie. Maintenant l’Amérique méridionale recevait elle-même, avec les idées de l’Europe, le contre-coup des tyrannies contradictoires qui se succédaient dans sa métropole. La séparation des colonies, entreprise contre le roi Joseph, s’achevait contre le roi Ferdinand.

Un souffle de feu, sous le nom de liberté, parcourait

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