Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/576

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
568
ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

au commandement rapide et à la prompte obéissance.

Ah ! peut-être, sous ce grand désastre, en lui s’abattait l’esprit hors d’haleine ; et il désespérait. Mais une main puissante s’est étendue des cieux, et, secourable, elle l’a transféré dans une atmosphère plus douce, et l’a conduit, par les sentiers de l’espérance, aux campagnes éternelles, vers le prix qui comble nos désirs, là où la gloire passée n’est plus que nuit et silence.

Parmi les triomphes qu’a remportés la belle, l’immortelle, la bienfaisante foi, j’inscris encore celui-ci. Réjouis-toi que cette superbe grandeur ne soit jamais descendue à insulter le Golgotha !

Et toi, devant ces cendres malheureuses, renonce à toute parole accusatrice. Le Dieu qui terrasse et qui relève, qui abat et qui console, l’a placé près de lui dans un solitaire asile. »

Élégiaque autant que lyrique, plus semblable à la bénédiction qu’à l’apothéose, et inspirée surtout par la pensée de l’heure suprême et en souvenir des souffrances de celui qui avait si peu épargné l’espèce humaine, cette ode est belle comme la prière que prononça Pie VII à la mort de Napoléon. Elle vivra comme un témoignage des grandeurs de la religion et de la vertu devant l’iniquité de la force doublée de génie.

Au terme de nos courses diverses dans le passé, avant de quitter tant de grands souvenirs, n’avons-