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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

il a pour nous, dans une langue du Nord, tantôt l’élégante douceur de l’hellénisme, tantôt la simplicité naïve de quelques anciens chants de l’Église. L’un et l’autre caractère respirent dans cette hymne pour le jour de Saint-Étienne :

« Le Fils de Dieu s’avance à la guerre, pour gagner une royale couronne. Sa bannière rouge de sang flotte au loin dans les airs. Quel suivant figure dans son cortége ?

« Celui qui savoure le mieux sa coupe d’amertume et qui triomphe de l’affliction, celui qui porte avec patience la croix ici-bas, celui-là est du cortége du Christ.

« C’est là le premier martyr, dont l’œil sut pénétrer au delà du tombeau, qui aperçut son maître dans les cieux, et l’invoqua pour être sauvé.

« Comme lui, le pardon sur les lèvres, au milieu des souffrances d’une angoisse mortelle, il pria pour ses bourreaux. Quel suivant marche après lui ?

« Une troupe glorieuse, ce petit nombre d’élus sur lesquels est descendu l’esprit de Dieu, douze saints courageux, sûrs de leur espérance et bravant la croix et le bûcher.

« Ils virent en face le glaive du tyran, la crinière ensanglantée du lion ; ils inclinèrent leurs têtes pour recevoir la mort. Quels suivants marchent après eux ?

« Une noble armée, hommes et enfants, la mère et la jeune fille, entourant le trône du Seigneur, triomphent, parés de vêtements de lumière.