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CHAPITRE XXII.


Poésie lyrique dans le Nord ; omissions forcées. — Étude de cette poésie, sous le type britannique. — Chants originaux ; essais artificiels. — Marlowe, Shirley, Milton, Cowley. — Poésie savante de Gray.


Cette antiquité, que nous avons suivie avec tant de prédilection, était tout asiatique, ou du moins méridionale. La primauté de l’Orient pour les choses d’imagination semble si naturelle qu’elle fut longtemps exclusive, et qu’on ne songeait pas même à en faire la remarque. Du Jourdain aux bords de l’Oronte et de l’Euphrate, des fleuves de Babylone aux rives de l’Alphée, du Nil au Tibre, des plaines brûlantes de la Cyrénaïque à Tagaste ou à Carthage, nous avons recueilli les veines éparses de l’esprit poétique, sans le chercher ailleurs. Et cependant ce partage inégal était-il vrai de l’ancien monde ? est-il possible pour les âges modernes ?

Un des indices de la jeunesse relative du monde et de son éducation croissante, c’est le progrès des nations plus septentrionales et le lever tardif de la poésie