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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Ces vers, bien récités, ne vous semblent-ils pas, comme un orgue mélodieux, prolonger les sons du Psalmiste : Cogitavi dies antiquos, et annos æternos in mente habui ; et cette perfection de langage ne donnait-elle pas dès lors à la pensée l’immortalité qu’elle lui promettait ?

Un autre signe heureux du progrès de l’art, c’est la puissance qu’il exerce par l’imitation. Ces tons élevés et purs, rencontrés par Malherbe, allaient susciter d’autres accents pareils ; Racan, Maynard et d’autres oubliés aujourd’hui trouvaient çà et là, dans quelques vers, la douceur et la majesté du mode lyrique, et cette mélodie, cette voix émue de l’âme solitaire, qui, moins naturelle au dix-septième siècle que l’éloquence du drame, devait cependant s’y mêler, pour jeter parfois sur cette éloquence d’admirables éclairs.