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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

leurs mains, a pu sauver ceux d’Autriche et les Germains ? Leur Dieu pourra-t-il par hasard aujourd’hui les préserver de ma main vengeresse ?

Leur Rome, tremblante et humiliée, convertit ses cantiques en larmes. Elle et ses fils affligés attendent ma colère et la mort après la défaite. La France est brisée de discordes ; et, en Espagne, l’affreuse mort menace quiconque honore les bannières du croissant. Ces nations belliqueuses sont occupées à se défendre elles-mêmes ; et, ne le fussent-elles pas, qui peut me faire offense ? »

Toi, Seigneur ! qui ne souffres pas que ta gloire soit usurpée par celui qui mesure sa propre force au gré de son orgueil et de sa colère. Ce superbe ennemi, vois comme il a, dans sa victoire, dégradé les autels ! Ne souffre pas qu’il opprime ainsi les tiens, qu’il nourrisse de leurs cadavres les bêtes féroces, qu’il atteste sa haine dans leur sang répandu, et, qu’après cet outrage, il dise : Où est le Dieu de ces hommes ? de qui se cache-t-il ? »

Le beau mouvement par où débute cette strophe ne peut échapper au lecteur. Le poëte continue :

« Pour la gloire méritée de ton nom, pour la juste vengeance de ton peuple, pour les gémissements de tant de malheureux, tourne ton bras redoutable contre celui qui s’indigne d’être homme… et, trois et quatre fois, frappe d’un châtiment rigoureux ton ennemi : et