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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

pait la chaire épiscopale, qu’il revint aux goûts poétiques de sa jeunesse, et exprima dans un des mètres d’Horace ces sentiments d’un ordre si nouveau.

Les strophes de Paulin s’adressaient à un prêtre comme lui, à Nicétas, évêque de Dacie, venu pour assister à la fête funèbre d’un saint d’Italie, et retournant à ses climats glacés et barbares. Rien ne marque mieux l’union hospitalière qui rapprochait alors tant d’âmes inspirées par la même espérance. Quel charme sévère dans ces strophes d’adieu :

« T’en vas-tu déjà, nous délaissant à la hâte, dans cette contrée solitaire, nous qui sommes unis à toi pour jamais ?

Pars-tu déjà, rappelé par la terre lointaine dont tu es le pasteur ? Ah ! tu restes encore ici : nos cœurs te possèdent.

Va, plein de notre souvenir ! laisse en ce lieu quelque chose de toi, présent par l’esprit, et en revanche emporte avec toi nos âmes.

Ô trop heureux les pays et les peuples que tu aborderas en nous quittant, et que le Christ visitera de tes pas et de ta parole !

Tu iras chez les Daces, au Septentrion ; et, à travers les flots de la mer Égée, tu toucheras Thessalonique.

Qui me donnera les ailes de la colombe, pour me mêler vite à ces chœurs, dont les voix, à ton exemple, célébreront le Christ Dieu ?