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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

revenue ; et le sommeil à son tour détend les corps harassés.

L’âme, troublée d’orages et blessée de soucis, boit à pleine gorge la coupe de l’oubli.

Un calme puissant pénètre tous les membres, et ne laisse aux malheureux nul sentiment de douleur.

C’est la loi donnée de Dieu à notre fragile nature, que ce plaisir qui guérit et tempère la souffrance.

Le repos salutaire circule dans les veines, et calme par la fraîcheur du sommeil le cœur dégagé de soucis ; mais l’intelligence s’échappe d’un rapide essor, et sous des images diverses elle voit les choses cachées.

Une fois libre de soins, l’âme, née du ciel, et dont l’éther est la source pure, ne saurait languir oisive.

Elle se fait à elle-même, par imitation, de multiples fantômes, et, les parcourant à la hâte, retrouve une sorte d’activité.

Celui que la pureté de ses mœurs a rarement laissé faillir, un éclatant rayon le frappe et lui montre les choses invisibles.

Mais celui qui souilla son cœur de la contagion des vices, jouet de frayeurs sans nombre, voit de menaçantes images. »

D’autres incidents de la vie étaient consacrés par les chants du poëte. On sait ce qu’avaient été chez les Hellènes la plainte et la prière funèbres. Rome en avait exagéré l’expression par ses pleureuses à gages, aux