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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

trouble apanage du monde ! le jour se lève, le ciel blanchit, le Christ vient ; disparaissez.

L’obscurité de la terre se dissipe sous le dard enflammé du soleil ; et la couleur est rendue aux objets, avec la lumière de l’astre étincelant.

Ainsi notre propre nuit, l’obscurité de nos cœurs complices de la fraude, bientôt mise à découvert, pâlira devant le règne de Dieu.

Alors ne pourra plus se cacher ce que chacun médite de noirceur ; mais, à cette aube nouvelle, brilleront les secrets dévoilés de l’âme.

Avant le jour, le voleur pèche impunément, sous le honteux abri des ténèbres ; mais la lumière, ennemie de la fraude, ne permet plus de cacher le larcin.

Voici venir le soleil enflammé : maintenant, regret, honte, repentir. Personne, devant la lumière, n’a la même fermeté dans le mal.

Maintenant, maintenant, vie laborieuse. À cette heure, nul ne s’avise de jouer ; tous colorent d’un aspect sérieux même leurs soins les plus frivoles.

Cette heure, utile à tous, appelle chacun à faire ce qu’il sait, le soldat, le magistrat, le nautonier, l’artisan, le laboureur.

La gloire du barreau séduit l’un ; le clairon fatal entraîne l’autre. Ici le marchand, là le métayer, poursuivent leurs avares profits.

Mais nous, ignorants du gain et de l’usure, étran-

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