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CHAPITRE XIX.


Lyrisme latin sous l’inspiration chrétienne. — Prudence. — Saint Paulin, évèque de Nole.


Nous retrouvons en Occident ce que l’Orient nous offrait, la transformation chrétienne s’appliquant à tout, à la poésie comme à la vie réelle. Mais d’abord imitatrice du passé, cette poésie, dans sa nouveauté même, gardera les formes de l’art, les règles de l’harmonie, que l’ignorance populaire et l’invasion barbare devaient plus tard confondre et détruire. Ce n’est pas à Rome que cette école, déjà chrétienne, mais classique, parut avec le plus d’éclat. Porté si loin par la conquête, l’idiome romain recevait de points fort opposés ses orateurs et ses poëtes. La belliqueuse Espagne, cette contrée qu’une affinité méridionale avait mêlée de bonne heure au génie de ses maîtres italiques, célébrait sur la lyre latine le culte nouveau. Comme elle avait donné jadis Lucain et Martial à la monstrueuse grandeur et aux vices de Rome, elle offrait aux ver-

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