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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

doit racheter les habitants déchus, et créateur de la race humaine comme il en sera la rançon divine.

Pour qui connaît la vaste lecture du poëte anglais, sa familiarité avec l’Orient hébraïque, l’empreinte d’hellénisme partout répandue sur ses vers, il n’est pas douteux que Milton, dans son épopée si souvent lyrique, ne se soit inspiré de Synésius, comme ailleurs de saint Justin, de saint Éphrem et de saint Jérôme.

Chez l’évêque de Ptolémaïs, cette conception dominante de la foi nouvelle, cette adoration fervente du Christ semble avoir encore suscité d’autres hymnes : elle revient dans ses chants, avec une intention marquée d’enseignement populaire et de protestation orthodoxe.

« Le premier, s’écrie-t-il[1], pour toi, ô bienheureux Immortel, ô Fils glorieux de la Vierge, Jésus de Solyme ! j’ai trouvé un chant, sur des mètres nouveaux qui font vibrer les cordes de la lyre.

Sois-moi propice, ô Roi ! et accueille la mélodie de ces pieux concerts. Nous chanterons l’impérissable Dieu, glorieux Fils du Dieu père de tous les siècles, le Fils créateur du monde, essence universelle, sagesse infinie, Dieu parmi les êtres célestes, et mort parmi les habitants du monde souterrain.

Lorsque, du sein d’une mortelle, tu jaillis sur la terre, la science des mages, devant une étoile lovée dans les cieux, s’arrêta stupéfaite, se demandant

  1. Συνεσίου ὕμνοι, cur. Boiss., p. 152.