Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
422
ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

des fleurs spirituelles de la lyre le Dieu, Fils glorieux du Dieu immortel, seul né du Père suprême, sorti du travail incompréhensible de la pensée paternelle, et jaillissant des profondeurs de son sein pour mettre au jour les trésors cachés du Père.

Dans la source divine demeure encore ce qui en est sorti, la sagesse du Père, la splendeur de la beauté suprême ; mais à toi qu’il enfante le Père a donné d’enfanter : tu es du Père même la puissance génératrice et cachée ; car il t’a donné pour créateur au monde, en le chargeant de tirer des types intellectuels les formes des corps : c’est toi qui diriges le cercle intelligent des cieux, toi qui es le pasteur du troupeau des astres !

Ô Roi ! tu commandes et aux chœurs angéliques et aux phalanges des démons ; tu gouvernes la nature mortelle, tu environnes la terre de ton souffle invisible, et tu réunis sans cesse à la source divine ce que tu as reçu d’elle, délivrant les mortels de la nécessité de la mort. Sois propice à l’offrande de ces hymnes, en accordant le calme de la vie au chantre qui te les consacre ; suspens pour lui les orages de l’Euripe, et, séchant les flots pernicieux de la matière, détourne les maladies de l’âme et du corps ; assoupis le trouble funeste des passions ; écarte de moi les inconvénients de la richesse et ceux de la pauvreté. Attire à nos œuvres glorieux témoignage et bonne renommée parmi les hommes.