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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

toi que dans les îles, toi que sur les âpres sommets, toi que dans les campagnes je chante, ô bienheureux Créateur du monde ! Vers toi la nuit m’amène pour te célébrer, ô Roi céleste ! À toi mes hymnes du jour ! à toi mes hymnes de l’aurore ! à toi mes hymnes du soir !

J’en ai pour témoins les splendeurs des astres et le cours de la lune ; j’en ai pour témoin le soleil, chef des étoiles et saint dépositaire des âmes heureuses.

Vers ta cour suprême, vers ton sein, j’élève mon vol allégé à mesure qu’il fuit plus loin de la matière, dans la joie d’arriver à tes célestes parvis. Tantôt je me suis approché en suppliant des temples saints de ton culte vénéré ; tantôt, sur la crête des montagnes, je suis venu prier ; tantôt je suis descendu dans cette grande vallée de la Libye déserte, au midi, là où nul souffle impie ne pénètre, où n’est point imprimée la trace des hommes affairés de nos villes. Je voulais que de là mon âme, pure de passions, dégagée de désirs, reposée de fatigues, délivrée de douleurs, ayant rejeté loin d’elle la colère, la contention, tous ces maux intérieurs, acquittât d’une bouche innocente et d’un cœur sanctifié l’hymne d’amour qu’elle te doit.

Que le ciel et la terre soient en paix ! que la mer s’arrête ! que l’air soit immobile ! Cessez, souffles des vents divers ; cessez, mouvements des flots sou-27