même ; quelque chose enfin de semblable aux rêves de Proclus, ramenant les vieilles fables du polythéisme vers une sorte d’allégorie morale, vers un mystique amour de la science et de la vertu.
On ne peut douter, du reste, qu’à partir de son épiscopat Synésius n’ait bien vite avancé dans la connaissance et l’adoration de cette foi qui devenait un devoir sacré pour lui. Quelques autres de ses hymnes en portent le témoignage. Sa parole se teignit davantage de l’empreinte des livres saints ; son âme s’attacha tout entière à son culte nouveau ; et le pur enthousiasme de la vertu chrétienne se réfléchit bientôt dans ses vers, en même temps que cette vertu pratiquée excitait son courage à braver les menaces d’un préteur romain, pour la défense de son Église et de son peuple. Ce caractère de dévouement intrépide, cette magnanimité religieuse, nous paraît dominer dans un hymne assez long, où le poëte de Cyrène reproduisait le mètre court et rapide de quelques anciens lyriques, de Stésichore et d’Alcée.
« Allons, mon âme[1] ! t’élançant par de saints cantiques, assoupis les agitations du corps et fortifie les mouvements de l’être intelligent. Au roi des dieux nous offrons une couronne, une victime non sanglante, la libation de nos chants.
C’est toi que sur la mer, toi que sur le continent,
- ↑ Συνεσίου ὕμνοι. Cur. Boiss., p. 106.