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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

frayé la route à tes amis entre les flots ouverts, et enseveli Pharaon sous les ondes ! toi qui as envoyé du ciel un pain nouveau, et du rocher as fait jaillir la source vive dans le désert ! toi qui as brisé la force des ennemis furieux, alors que Moïse, étendant les bras, offrit la figure de la croix, cette arme puissante ! tu as enfin montré toi-même aux hommes la route du ciel. À l’ancienne voie tu as joint une voie nouvelle, quand, Dieu et homme tout ensemble, venu sur la terre, tu t’es élevé de nouveau dans les cieux, pour en redescendre un jour plus visible à ceux qui t’appellent.

Toi-même, tu as marché sur la mer ; et le flot s’est abaissé sous tes pieds, tout gonflé qu’il était par les vents. Mais, ô bienheureux immortel ! sois-moi compagnon de route, quand je t’invoque aujourd’hui. Accorde-moi voyage prospère, et bon ange pour guide et pour défenseur, afin qu’à l’abri des périls de la nuit et du jour, donnant à mes fatigues un terme favorable, parti sain et sauf de la maison, il m’y ramène de même, près de mes proches, de mes amis semblables à moi, et que, nuit et jour, libre et tranquille, je te prie en paix, dans une vie sans mélange de mal, tendant vers toi sans cesse les ailes de mon âme, ô lumière de la vie ! jusqu’à ce que j’aie achevé la route suprême et commune, et que j’arrive à la demeure, terme des souffrances pour les vrais adorateurs ! Pour toi je vis, pour toi

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