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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

sions, mais la paix de leur règne et cette magnificence qui fait de l’éclat du trône la splendeur du peuple. Sa louange est un conseil de justice et de clémence ; et par là, cette mission du poëte lyrique se rapproche encore de celle du prêtre, dans un autre temps. Si on oubliait qu’il s’agit d’un des petits rois, entre lesquels se partageait la Sicile, du roi d’Agrigente ou du roi d’Etna, on croirait parfois entendre l’éloge d’un des héritiers de ces maisons souveraines qui, du moyen âge à nos jours, ont régné sur quelque grand peuple, à travers les révolutions et les guerres. Tel est le langage magnifique de l’ode à Théron, roi d’Agrigente, vainqueur à la course des chars :

« Hymnes qui régnez sur la lyre, quel dieu, quel héros ou quel homme allons-nous célébrer ? Pise est à Jupiter. Hercule fonda les jeux olympiques des prémices de la guerre. Mais Théron, vainqueur à la course des chars, il faut le proclamer équitable, hospitalier, rempart d’Agrigente, sage ordonnateur des villes, fleur d’une tige d’aïeux honorés.

Après beaucoup de maux fortement supportés, ils occupèrent le sol sacré du fleuve, et furent l’œil de la Sicile. Le temps suivit prospère, apportant richesse et faveur, pour prix des vertus de leur race.

Ô fils de Saturne et de Rhée, qui tiens sous la loi le seuil de l’Olympe, la couronne des jeux et le cours de l’Alphée, daigne, adouci par nos chants, transmettre leur héritage à toute leur lignée ! Des choses ac-