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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

quelques pontifes d’Alexandrie, de Constantinople ou de Ptolémaïs, et depuis ces proses mesurées, dont le chant ravissait le jeune Augustin, jusqu’à ces hymnes latins, mais à demi barbares, inspirés encore dans quelque église d’Italie, au milieu de la croissance des idiomes nouveaux et la veille peut-être du baptême de Dante.

Nul doute que, dans la Grèce indigène ou transplantée, de Corinthe à Alexandrie, d’Antioche aux sept villes aperçues par l’apôtre, le génie même de la langue grecque, excité par le zèle religieux, n’ait singulièrement multiplié les chants à l’honneur du culte chrétien, de ses dogmes, de ses fêtes, de ses martyrs.

À part même le service de l’autel, c’était presque toute la littérature du peuple chrétien, le lien des confréries secrètes ou publiques, l’encouragement des fidèles, le triomphe dans les délivrances, l’œuvre d’émulation poétique dans la lutte contre les écoles païennes après la persécution sanglante.

Cette destination nouvelle, cet emploi public et privé de la poésie et du chant, donnait un intérêt de plus à l’antique tradition du génie grec ; et lorsque Julien, dans sa haine de sophiste comme de fanatique contre les chrétiens, imagina de leur interdire l’enseignement des lettres et l’étude publique des monuments de l’antique poésie, cette jalouse prohibition ne fit que

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