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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

tenait son œuvre. La prière du matin, celle de la troisième heure du jour, celle du soir, semblaient autant de degrés de cette vie laborieuse toujours aspirant à Dieu et à la vertu. La solennité de la prière publique était plus expressive encore, entre le prêtre, le diacre, le chœur, le peuple, les catéchumènes. Dans la messe grecque dite de saint Jean Chrysostome, la liturgie formait un drame lyrique, où, pendant la prière à demi-voix récitée par le prêtre, la voix du peuple éclatait par cet hymne :

« Dieu saint qui reposes dans le sanctuaire[1], chanté trois fois par les séraphins, glorifié par les chérubins, et adoré par toute vertu céleste ! toi qui du néant as élevé toute chose à la vie, ayant créé l’homme à ton image et à ta ressemblance ! toi qui donnes, quand on les demande, la sagesse et l’intelligence ! toi qui ne méprises pas le pécheur, mais, pour le sauver, lui accordes la pénitence, et nous as prescrit, à nous, tes faibles et indignes serviteurs, de venir à cette heure devant la gloire de ton saint tabernacle et de t’apporter l’adoration qui t’est due, ô toi, Seigneur ! accueille de notre bouche pécheresse l’hymne trois fois saint, et pardonne-nous nos fautes irréfléchies ou volontaires. »

Dans cette forme du divin sacrifice, après la prière des catéchumènes, au moment où le prêtre prenait la

  1. Rit. græc. juxt. us. or. Eccl.