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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

cheur des vêtements, la vapeur de l’encens, le son mesuré des voix, la douceur poétique des paroles et par-dessus tout l’enthousiasme des âmes, la vénération du récent martyr, l’aspiration aux mêmes souffrances, faisaient la grandeur de la liturgie nouvelle.

La trace de ces influences se retrouve dans quelques débris des anciens offices de l’Église grecque. Vers la fin du second siècle, on chantait, aux prières du soir de la réunion chrétienne, un hymne cité plus tard, en preuve de l’antique foi au Saint-Esprit, comme au Verbe divin : « Gracieuse lumière de la sainte béatitude[1], Fils du Père immortel, céleste et bienheureux, ô Christ ! venus, au coucher du soleil, devant la clarté affaiblie du jour, nous célébrons le Père, le Fils et l’Esprit-Saint de Dieu ; car il sied bien de te célébrer, à toutes les heures, par le concert des voix, ô Fils de Dieu, toi qui donnes la vie. »

Au quatrième siècle, saint Basile nommait comme auteur de cet hymne le martyr Athénagène, qui périt dans la persécution de l’empereur Sévère. Une autre tradition désignait Sophronius, patriarche de Jérusalem. Mais la véritable inspiration de telles paroles, c’était la foi même de la foule, et ce sentiment qui faisait dire à saint Basile : « Il a plu à nos pères de ne pas recevoir en silence le bienfait de la lumière du soir, mais, quand elle paraît, de rendre grâces. Quel

  1. Rit. Græc. juxt. us. Orient. Eccles.