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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé ! et celui qui a aimé, qu’il aime encore demain !

C’est elle qui de l’éclat des fleurs peint l’année purpurine, elle qui, sous l’haleine du zéphir, soulève le sein gonflé de la terre en moelleux tapis, elle qui disperse ces ondes de rosée limpide que laisse le souffle de la nuit, larmes radieuses dans leur chute tremblotante.

Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé ! et celui qui a aimé, qu’il aime encore demain !

La déesse elle-même a dit à ses nymphes d’entrer dans le bois sacré de myrtes. L’enfant accompagne les jeunes filles ; mais, on ne peut croire que l’amour soit au repos, tant qu’il porte ses flèches. Allez, nymphes ! il a déposé ses armes : l’Amour est au repos. Il lui est ordonné d’aller désarmé, afin que de son arc, de sa flèche, de ses feux, il ne fasse nulle blessure.

Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé ! et celui qui a déjà aimé, qu’il aime encore demain !

Vénus, ô Diane ! envoie vers toi des vierges touchées de la même pudeur. Nous ne demandons qu’une seule grâce, disent-elles, ô vierge de Délos ! que le bois ne soit pas ensanglanté par les chasseurs ! Vénus te prierait de venir toi-même, s’il était séant à ta virginité de voir, pendant trois nuits, des confréries en fête courir dans les bocages, entre des guirlandes de fleurs et des cabanes de myrte. Ni

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