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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

vait, avec le progrès de la grandeur et de la politesse romaines, accréditer de préférence les autels de la déesse dont César prétendait descendre.

J’imagine donc que, pendant ces fêtes de Vénus où Pline le Naturaliste commençait à deux heures de nuit sa journée de travail, les temples, les bois sacrés des villes d’Italie, retentirent souvent de quelques strophes de l’hymne qui nous est parvenu, sans doute altéré par le temps, et moins peut-être par l’imagination de la foule que par le savoir prétentieux de quelque lettré :

« Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé ! et celui qui a déjà aimé, qu’il aime encore demain !

Voici le printemps nouveau, le printemps harmonieux, la renaissance du printemps pour le monde. Au printemps, les amours sont d’intelligence ; au printemps, les oiseaux s’unissent, et la forêt, avivée par des pluies fécondes, déploie sa chevelure. Demain celle qui unit les amours entre les ombrages des arbres formera des huttes de verdure avec des branches de myrte entrelacées ; demain Dioné donne des lois du haut de sa couche de reine.

Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé ! et celui qui a déjà aimé, qu’il aime encore demain !

Alors, d’un effluve des cieux et d’un globe d’écume, l’Océan, au milieu des troupes bleuâtres et des chevaux à deux pieds, fit sortir Dioné.