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CHAPITRE XVII.


Derniers chants du polythéisme romain. — Pervigilium Veneris. — Sénèque. — Stace.


Parmi les derniers et trop rares débris de la poésie lyrique chez les Romains, il faut placer un poëme, de date incertaine peut-être, d’origine mélangée, et décelant, sur un même sujet et sur un sujet populaire, la touche reconnaissable de deux époques : c’est le Pervigilium Veneris, la Veillée des fêtes de Vénus. Quelques trails, en effet, de l’hymne qui nous est parvenu sous ce titre, et en particulier le refrain du chœur :

Cras amet qui nunquam amavit !
Quique amavit cras amet !

sont du meilleur goût de langue et de poésie, et semblent appartenir à l’âge de Catulle et d’Horace. Mais, d’autre part, des surcharges de style, de fausses couleurs et quelques expressions douteuses renverraient l’ouvrage aux temps de décadence. De là, le jugement hardi d’un moderne, qui a vu deux œuvres distinctes