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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

vaillante jeunesse née de soldats laboureurs ; c’est, avec une admirable concision, l’abrégé des victoires de la république ; puis la dernière strophe semble aujourd’hui pour nous une prédiction trop vraie arrachée au poëte, comme à ce prophète de l’ancienne loi qui maudit en voulant bénir. Ce progrès en mal d’une génération sur l’autre, cette enchère de perversité dans les âges qui devaient suivre, de César à Auguste et d’Auguste au dernier des Césars, n’était-ce pas l’horoscope de l’empire et la fatalité de cette puissance sans droit et sans barrière ?

Parfois Horace est plus ouvertement flatteur, et il ose célébrer Octave comme le héros de Rome. Mais, alors même, un retour enjoué sur lui-même vient corriger la monotonie ou le mensonge de la louange. L’hymne commencé n’est plus qu’une chanson, et le poëte, un ami du repos et du plaisir qui rend grâce au protecteur de la paix publique. Cet art ingénieux est tout entier, ce semble, dans une ode à la plèbe de Rome, à cette multitude dont César était aimé et que nourrissaient ses successeurs.

« Celui qui naguère, à l’exemple d’Hercule, ô peuple, allait, dit-on, chercher la gloire au prix de la mort, César, de la rive espagnole, revient vainqueur dans ses foyers.

Que l’épouse heureuse d’un époux sans égal vienne à sa rencontre, après les sacrifices aux dieux, et avec elle la sœur de l’illustre chef, et, sous une parure