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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

foi de César Auguste, le fondateur ou le restaurateur de tous les temples, qui, dans sa visite du temple de Jupiter Férétrius, dont il releva la ruine amenée par le temps, avait lu ce nom, disait-il, sur la cuirasse de lin formant partie du trophée élevé par le vainqueur :

« Je me serais cru presque sacrilége[1], » s’écrie l’historien flatteur, « de ne point laisser à Cossus, en preuve de ses glorieuses dépouilles, l’attestation de César, le fondateur du temple même. »

De tels souvenirs, un tel langage, suffisent à nous montrer quel prestige de grandeur et de respect public pouvait encore, dans les mœurs romaines, s’attacher au zèle affecté d’Auguste pour effacer une des traces de la violence et de l’incurie destructive reprochées à la guerre civile. Le disciple de la Grèce et d’Épicure dira sur le ton de Pindare :

« Les crimes de tes aïeux, ô Romain, tu dois les expier, même sans être coupable, jusqu’à ce que tu aies réparé les temples, les demeures croulantes des dieux et leurs images souillées de poudre.

En te faisant petit devant les dieux, tu commandes aux nations : c’est là le principe de tout ; là tu dois tout ramener. Les dieux, mis en oubli, ont frappé de grands malheurs la déplorable Hespérie.

Déjà deux fois Monésès, deux fois la troupe de

  1. Prope sacrilegium ratus sum, Cosso spoliorum suorum Cæsarem, ipsius templi auctorem, subtrahere testem. T. Liv. l. IV, c. 20.