Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

ausonienne il frappait ses vers achevés. Virgile, je n’ai fait que le voir ; et le destin avare a laissé peu de temps Tibulle jouir de mon amitié. Il te succédait, Gallus ! Properce le remplaça ; et, dans l’ordre du temps, je vins en quatrième après eux. »

Ailleurs enfin Ovide, plus malheureux et plus découragé que jamais, semble épuiser, dans une dernière élégie, la suite des grands poëtes dont il se félicite d’être le contemporain, Marsus, Rabirius, Macer, vingt autres encore. Il a même cette fois sur sa liste un poëte lyrique : mais ce poëte n’est pas Titius ; c’est Rufus, nom tout à fait inconnu comme le précédent, et nouvel exemple de l’erreur fréquente des admirations contemporaines.

.................................Et unà
Pindarici fidicen tu quoque, Rufe, lyræ[1].

Ainsi, sous ce règne d’Auguste, si favorable aux arts, dit-on, dans cette heureuse maturité de l’idiome et du génie romain secondée par la paix de l’empire, chez ce peuple où se réfléchit alors le génie de la Grèce, parmi des conditions tout à la fois d’affinité naturelle et d’imitation, la poésie lyrique, cette belle parure du théâtre d’Athènes et des fêtes d’Olympie, cette voix antique de la religion et de la patrie,

  1. Ovid. Ex Ponto, lib. IV, ep. xvi, v. 27.