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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

ques de la Grèce, les héros fondateurs de ses jeux, les origines fabuleuses de ses cités avaient été pour le grand poëte lyrique de Thèbes, quelques noms glorieux et lointains de l’ancienne Rome le seront pour le chantre du siècle d’Auguste.

Il n’aura pas respiré, il n’aura pas souhaité même l’horizon lumineux du poëte grec, l’âge héroïque de la Muse, les jours à jamais glorieux du triomphe de l’Europe sur l’Asie, de la liberté sur le despotisme barbare. Tel est pourtant le privilége du génie raffiné par le goût, que son nom et ses vers traverseront les siècles et plairont à jamais aux esprits délicats, dans ce monde déjà tant renouvelé et qui change toujours. Mais il faut nous recueillir un peu et bien étudier le prix du naturel dans l’art, pour parler aujourd’hui d’Horace.