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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Et vous, pour en retracer la suite, courez, fuseaux, courez en tissant vos trames.

Elle va venir l’étoile du soir, apportant les joies désirées des époux ; elle va venir, avec l’astre favorable, l’épouse qui pénétrera ton âme de son impérieux amour et partagera près de toi la langueur de ton doux sommeil, ses bras gracieux passés sous ton col héroïque. Courez, fuseaux, courez en tissant vos trames.

Nulle maison jamais ne cacha sous ses toits de telles amours. Nul amour jamais ne réunit deux âmes par un accord tel que le sent Thétis, tel que le sent Pelée. Courez, fuseaux, courez en tissant vos trames.

Il naîtra pour vous un Achille au-dessus de la crainte, dont l’ennemi ne verra jamais que le front et la poitrine hardie, et qui souvent, vainqueur aux jeux de la course, passera de bien loin les traces enflammées de la biche légère. Courez, fuseaux, courez en tissant vos trames.

Nul héros ne pourra se comparer à lui dans la mêlée, quand les fleuves de Phrygie déborderont de sang troyen, et que, sous les coups d’une guerre lointaine, le troisième héritier du parjure Pélops ravagera les murs de Troie. Courez, fuseaux, courez en tissant vos trames.

Ses éclatantes prouesses, ses faits glorieux, souvent les mères les attesteront aux funérailles de leurs fils, alors qu’on les verra laisser flotter sur la

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