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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

lante Nicée : courons vers les villes fameuses d’Asie. Déjà ma pensée tressaille, impatiente de partir et d’errer ; déjà, dans leur ardeur, trépignent mes pieds agiles. Adieu[1], réunions aimables de compagnons, qui, sortis ensemble du pays, y retournez également par des chemins divers ! »

Ceci n’est rien sans doute, quand le charme des vers a disparu, quand l’harmonie s’est envolée ; et toutefois, on y sent cette grâce naturelle, cette vérité vive qui charmait Fénelon. En sera-t-il de même, quand Catulle voudra rendre quelques-uns des sentiments publics que Rome affectait encore, mais qui n’avaient plus racine dans les âmes, et surtout dans celle du poëte licencieux et voyageur ?

Qu’en effet Catulle, ou par un jeu d’esprit, ou par déférence officielle pour une fête qui revenait à Rome au mois d’août chaque année, ait composé un hymne à Diane, nous y sentirons, sinon la même ironie, du moins la même froideur que dans quelques odes demi-religieuses d’Horace. Ici donc l’imitation lyrique de la Grèce commençait par le plus entier oubli de cette foi candide qui seule aurait pu l’inspirer. Ce n’était pas non plus la poésie subtile et savante des hymnes de Callimaque, mais une simple liturgie chantée par deux chœurs de jeunes filles et de jeunes garçons.

« Nous sommes au service de Diane[2], jeunes filles

  1. Catull. Carm., 46
  2. Catull. Carm., 34.