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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

déesse de la fécondité dans la nature, à cette déesse de la beauté et de l’amour, qu’il supplie de désarmer le dieu de la force et de la guerre :

« Mère des enfants d’Énée, charme des hommes et des dieux, bienfaisante Vénus ! qui, du milieu des astres circulant au ciel, peuples la mer chargée de vaisseaux et la terre couverte de moissons ; car c’est par toi que toute race vivante est conçue, et visite en naissant la lumière du jour : ô déesse ! devant toi les vents fuient ; devant toi, devant ton approche, les nuages du ciel disparaissent ! pour toi la terre diaprée épanouit ses fleurs ; pour toi sourit la face de l’Océan, et le ciel apaisé brille de flots de lumière. Car, sitôt que s’est rouvert l’éclat des jours de printemps et que le souffle délivré du Zéphire a repris sa puissance féconde, d’abord les oiseaux de l’air t’annoncent, ô déesse ! ils ont senti ton retour, atteints au cœur de ta flamme. Effarouchés, les troupeaux bondissent à travers les riants pâturages et passent les fleuves rapides. Tant, saisie par ta grâce et tes douces amorces, toute nature animée te suit avec ardeur, où que tu veuilles la conduire ! et, par les mers, les monts, les fleuves impétueux, les retraites ombragées des oiseaux et les vertes campagnes, jetant l’attrait de l’amour dans tous les cœurs, tu donnes à tous les êtres l’ardeur de perpétuer leur race.

Aussi, puisque seule tu gouvernes la nature, que