Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

dans les prologues et dans bien des scènes de Plaute ! quelle douceur de langage, quelle pure élégance dans les six comédies conservées de Térence ! Mais ce côté du théâtre romain n’avait rien de lyrique. Cette comédie de si bonne heure florissante à Rome n’imitait que le second ou le troisième âge de la comédie grecque, l’âge de Philémon, de Diphile, de Ménandre : elle ne remontait pas aux fabuleux caprices, aux élans lyriques d’Aristophane, non plus qu’à son impétueuse satire ; elle élevait la voix, comme dit Horace, mais pour gronder dans le cercle étroit des passions domestiques : elle n’avait rien du dithyrambe, ni enthousiasme ni colère.

La tragédie, à Rome, eut-elle toujours aussi la même timidité ? Son imitation des Grecs ne devint-elle pas quelquefois plus hardie, en étant plus fidèle ? On peut le conclure de la vraisemblance et de quelques traits épars qui nous restent. Une circonstance même des essais dramatiques, à Rome, favorisait cet essor de la tragédie. C’était, à part la pompe si réduite du chœur, l’emploi de certains monologues, ou passages d’un rhythme plus fort et plus varié, qui par moment dominaient la scène : on les nommait Cantiques[1].

On a remarqué justement un rapport entre ces Cantica et les stances célèbres du Cid ou de Polyeucte. Seulement, le retour en était plus fréquent sur le théâ-

  1. De canticis in Romanorum fabulis scenicis. Wolff. Halde, 1825. — Hermann, Element. doctrinæ metricæ, pag. 169.

20.