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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

chambre nuptiale peinte à neuf. Elles étaient douze, les premières de la ville, trésor des filles laconiennes. Alors que le plus jeune des fils d’Atrée, heureux époux, enfermait avec soi Hélène, la fille chérie de Tyndare, toutes chantaient, applaudissant en cadence du mouvement de leurs pas entrelacés ; et la maison retentissait du cri de l’hymen : — As-tu sommeillé jusqu’au point du jour, ô gendre bien-aimé ? ou tes membres sont-ils trop engourdis ? ou aimes-tu trop le sommeil ? ou avais-tu goûté trop de vin, lorsque tu t’es jeté sur la couche du repos ? ayant besoin de sommeil, en effet, il te fallait dormir et laisser la jeune fille, avec ses compagnes, jouer auprès de sa mère chérie jusqu’au point du jour, puisque, et le matin, et à l’aurore, et d’années en années, ô Ménélas, elle est ton épouse.

Comme l’aurore naissante a montré son beau visage, lorsque s’en va la nuit sainte, comme paraît le blanc printemps, quand l’hiver se retire, ainsi Hélène aux cheveux d’or a brillé parmi nous, forte et grande. Comme le sillon s’est avancé dans la campagne, ou le cyprès dans le jardin, ou le coursier thessalien à la tête du char, ainsi Hélène, au teint de rose, est la parure de Lacédémone. »

En vain les souvenirs helléniques se mêlent à ces vers, et plus loin, les noms de Jupiter, de Minerve et de Vénus y sont ramenés. Le charme en est pris d’ailleurs, non plus sur les bords de l’Eurotas, que ne fou-