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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

avec les dieux soit en guerre avec mon roi ! qui résiste à mon roi soit en guerre avec Apollon ! Apollon, si ce chœur chante à son gré, le comblera d’honneurs : il en a le pouvoir, car il est assis à la droite de Jupiter[1]. »

Mais on peut remarquer aussi que cette forme judaïque et devenue chrétienne avait reçu des applications plus anciennes. Un lettré païen du second siècle, appelé déjà à mêler tous les souvenirs par syncrétisme littéraire, dit, dans un hymne en prose à Minerve : « Pindare nous enseigne qu’assise à la main droite du père, elle reçoit ses commandements, pour les transmettre aux dieux ; car elle est au-dessus d’un ange, et c’est elle qui aux divers anges transmet les ordres divins qu’elle a recueillis de la bouche du Père[2]. »

Avec cette littérature bigarrée de souvenirs, cette mosaïque savante que travaillait Alexandrie, il y a donc souvent à hésiter sur les vraies sources de l’imitation, et la première apparence peut tromper. Nul doute cependant que des écrits apocryphes et de médiocre valeur peut-être, mais justement reportés à cette date et fort accrédités dans les temps qui suivirent, ne trahissent une visible empreinte de la croyance et de la poésie judaïques. Tels sont en particulier ces hymnes mis sous le nom d’Orphée, fabrication ancienne, puis-

  1. Callimach. Hymn. in Apoll., v. 26.
  2. Callim. ed. Spanheim, t. II, p. 62.