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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

tres, anticipe sur les promesses éternelles, selon les images fréquentes dans les livres de l’ancienne loi. Jusqu’à cette idée moins haute des bénédictions temporelles à joindre aux biens de l’âme, et accordées par le Dieu tout-puissant lorsqu’on les lui demande en même temps que la vertu, tout semble ici reproduit du charnel et du divin, des ombres et des clartés de la loi mosaïque, telle que la comprenait une grande partie de ses adorateurs, et telle que tous les Juifs de Palestine, de Syrie et d’Égypte, actifs, industrieux, navigateurs, commerçants, guerriers même, devaient la propager par leur exemple et leur succès.

Combien ce langage était supérieur à la tradition païenne et aux mœurs d’Alexandrie ! L’idée de la justice absolue dans le pouvoir était rappelée à cette cour détestable, où le vice préludait au crime, où des enfants pervers avaient hâte de régner, et où, pendant deux siècles, l’inceste et le parricide servaient d’accompagnement à l’hérédité royale. Certes, la morale du poëte était bien au-dessus de ces impurs exemples. Elle eût mérité de les flétrir : mais sa voix était trop artificielle pour être forte et surtout populaire. Bien que, longtemps après et dans le déclin du polythéisme, les hymnes de Callimaque se soient conservés comme une dernière réminiscence d’un culte mourant, on peut douter que ces hymnes aient été jamais familiers au peuple et chantés par la foule.

Une trace d’imitation est reconnaissable encore dans

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