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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

admirés, en paraissant désormais impossibles à imiter. Plus le présent était déchu et privé de tels exemples, plus on les adorait dans le passé, comme l’œuvre d’un monde meilleur.

Ainsi commença cette époque des Ptolémées, qu’il ne faut pas nommer un siècle nouveau, comme celui des Médicis ou de Louis XIV, mais qui, avec moins de gloire et de génie, dans une durée plus longue, eut un caractère précieux à noter dans les annales humaines.

Par deux points, ce souvenir touche à notre sujet : par l’influence de la tradition littéraire, et par l’effort de la rénovation poétique. Nulle part le génie de la Grèce dorienne, ionienne et attique ne fut plus admiré, plus finement étudié, plus imité que dans Alexandrie ; nulle part tous les trésors de science, d’art inventif et d’imagination populaire, que laissaient après soi plusieurs générations héroïques et inspirées, ne pouvaient être aussi bien recueillis. Alexandrie fut et demeura longtemps le dépôt et le refuge de la Grèce, son lycée le plus actif et le plus complet.

Puis, à côté de l’étude, vint l’émulation ; et, pendant plusieurs règnes, sous l’abri d’une domination qui, avec l’Égypte, embrassait Cyrène et la Syrie, dans le mouvement d’un peuple, sinon libre, au moins curieux, savant et voyageur, sous la protection d’une cour fastueuse, toute possédée du goût et du luxe des arts, tous les talents où s’était illustrée la Grèce, hormis l’éloquence politique et l’histoire, furent culti-