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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

« Oh ! comme les plus grands[1] et les plus aimés des Dieux sont les bienvenus dans Athènes ! Voici que ce jour nous amène Déméter et Démétrius. Elle vient, pour célébrer les solennels mystères de sa fille : et lui, propice comme il sied à un Dieu, il apparaît souriant et beau. Majestueux spectacle de sa présence, tous les amis en cercle, et lui-même au milieu, comme si les amis étaient les astres, et lui le soleil !

Salut, fils du puissant dieu Neptune et de la déesse Aphrodite ! Les autres dieux, ou sont trop éloignés, ou n’ont pas d’oreilles : ils n’existent pas ; ou ils ne s’occupent pas de nous. Mais toi, nous te voyons présent, non pas sous un simulacre de bois ou de pierre, mais en réalité. Nous t’adressons nos prières. Et d’abord, assure-nous la paix, dieu chéri ! car tu en es le maître. Puis, le Sphinx qui tyrannise, non plus Thèbes, mais la Grèce entière (j’entends cet Éolien qui, blotti sur des rochers, comme l’antique Sphinx, enlève et pille hommes et biens, sans que je puisse le repousser), frappe-le toi-même, je t’en supplie : sinon, trouve-nous quelque Œdipe qui précipite ce monstre, ou le fasse mourir en l’affamant ! »

« Tout cela, dit Athénée, qui nous a conservé ces tristes vers, était chanté par les vainqueurs de Mara-

  1. Græc. histor. fragm., t. II, p. 476.