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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

en majestueux hexamètres, sans les détours impétueux de la strophe et les variétés du rhythme, avec des paroles simples et de grandes images, cet hymne, chanté sans doute sur les tons de quelque ancienne et austère mélodie, nous semble le plus beau démenti des abaissements où se laissait réduire la Grèce, comme des erreurs brillantes qui l’avaient jadis égarée.

« Ô le plus glorieux des immortels[1], nommé de plusieurs noms, tout-puissant toujours, Jupiter, principe de la nature, gouvernant tout avec justice, salut ! car, il est permis à tous les mortels de t’invoquer. Nous sommes, en effet, une race issue de toi, ayant par privilége le signe imitatif de la voix, entre tous les êtres mortels qui vivent et rampent sur la terre. Aussi, je te célébrerai, et je chanterai ta force éternelle. À toi cet univers, roulant autour de la terre, obéit sous l’impulsion que tu lui donnes ; et il est soumis volontiers à ta puissance. Sous tes mains invincibles, tu tiens asservi le tonnerre à deux tranchants, tout de feu, toujours vivant. À son atteinte, toutes les choses de la nature ont frissonné ; et par lui tu établis le niveau de la raison commune qui réside dans tout, se mêlant aux grandes et aux petites intelligences, raison si puissante qui est le suprême roi partout.

Et il ne se fait pas sur la terre une œuvre, en de-

  1. Analect. Brunck. lect., p. 225.