prince ne s’arrêtant pas, pour consulter l’oracle, à la distinction de jours favorables ou néfastes, il entraîna de force la Pythie dans le sanctuaire, et comment alors, sur le cri de la prêtresse, « ô mon fils, on ne peut te résister, » il ne voulut pas attendre d’autre prédiction, et partit pour accomplir celle-là.
Quelles merveilles suivirent, quel monde nouveau s’ouvrit à l’imagination des Hellènes, quelle gloire consola leur défaite intérieure et leur asservissement, quel simulacre de liberté leur resta, par l’absence chaque jour plus lointaine de leur puissant vainqueur, qui semblait leur général délégué dans l’Asie, il n’appartient pas à notre sujet de multiplier ici ces grands souvenirs d’une prodigieuse fortune.
Deux choses à remarquer, cependant : le siècle d’Alexandre, si l’on peut appeler ainsi la course de dix ans du jeune héros, et les fondations d’empires qui, jetées sur son passage, s’achevèrent après lui, le siècle d’Alexandre fut bien loin d’atteindre, dans l’ordre des arts et du génie, à la gloire du siècle de Périclès, ou plutôt d’Athènes, dans sa période la plus étendue, de la naissance d’Eschyle à la mort de Platon. C’est là pour l’esprit humain le temps privilégié qui reste incomparable, et qui, dominant plusieurs époques, n’a été surpassé ni peut-être égalé par aucune. Alexandre, passionné pour la poésie, comme pour toutes les grandes choses, avait recueilli les tragédies d’Eschyle, de Sophocle, d’Euripide, toutes les œuvres des grands