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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

de la déesse qu’ils attendaient depuis longtemps[1] :

« Salut ! salut ! combien tu nous arrives à propos pour nos souhaits, ô bien-aimée ! j’étais tourmenté du regret de ton absence, voulant, par-dessus tout, revenir au sillon ; tu nous faisais grand profit, ô déesse désirée ! Car seule tu nous viens en aide, à nous qui menons le rude labeur des champs. Nous avions auparavant par toi une foule d’avantages précieux et sans frais : tu étais pour les laboureurs le breuvage et la santé. Aussi les vignes, les jeunes figuiers et nos plantes de toutes sortes sont heureuses et riantes du bonheur de te revoir. »

Mais la plus libre, la plus singulière de ces effusions lyriques, est sans doute celle qui se mêle aux scènes fabuleuses de la comédie des Oiseaux. Quelle est ici l’intention du poëte ? Est-ce de fronder l’humeur légère d’Athènes ? Est-ce de railler les réformateurs ? Est-ce de se moquer des hommes en général, ou seulement d’amener dans une fiction bouffonne les noms et la satire de quelques ennemis politiques et de quelques poëtes ses rivaux ? Il y a de tout cela dans l’œuvre du poëte et dans la chanson principale du Chœur[2] : « Ô cher, ô gracieux, ô le plus aimable des oiseaux ! toi qui accompagnes tous mes chants, Rossignol, te voici, te voici ! Tu apparais à la vue, m’apportant

  1. Aritsoph. de Pace, p. 175.
  2. Id., Av. p. 218.