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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

l’accent lyrique ne pouvait lui manquer, surtout dans son premier âge de liberté sans borne. Aristophane continuait Archiloque sur la scène ; et, bien que la satire animât partout le dialogue, elle jaillissait plus vive dans les Chœurs. La preuve en est dans la réforme légale qui, pour modérer le théâtre comique d’Athènes, y retrancha l’action du chœur.

Chorusque
Turpiter obticuit[1], sublato jure nocendi.

Mais Aristophane n’avait pas connu cette entrave ; et, prodiguant la poésie comme le sarcasme dans tout le jeu de ses personnages, il avait réservé pour ses Chœurs des élans tout lyriques, même des hymnes à la louange des dieux, là où il ne s’en moquait pas. Entendez-vous, dans les Chevaliers, la chanson du Chœur, amère au début, comme une épode d’Horace, et finissant par cette prière ?

« Reine de la ville de Pallas[2], toi qui protéges cette terre sacrée supérieure à toutes, et par la guerre, et par les poëtes, et par la force, viens à nous ; et, ayant pris avec toi dans les camps et les batailles notre alliée, la victoire, qui se plaît à nos chansons et nous sert à mettre en fuite l’ennemi, apparais-nous ici ; car il faut que tu donnes la victoire à ces hommes aujourd’hui, si jamais. »

  1. Horat. Art. poet. v. 283.
  2. Aristoph. Equit. p. 51.