de la pitié, de la douleur, dans la vie commune. Un naturel plus touchant lui donne moins d’éclat et d’art ; souvent même il n’emprunte pas ces détours impétueux de la strophe et ce vol hardi de Sophocle ou d’Eschyle. Le vers familier du dialogue suffit à son élan poétique. Et quel hymne dépassa jamais cette invocation d’Hippolyte à Diane, dans le Chœur joyeux et pur par où commence avec tant de grâces la tragédie sanglante de Phèdre ? Rien ne saurait mieux unir le charme lyrique à l’action de la scène. C’est la prière précédant le sacrifice :
« Allons, suivez en chantant, suivez la fille céleste de Jupiter, Artémis[1], dont le soin nous protége.
Sainte déesse, auguste race de Jupiter, salut, salut encore, ô fille de Latone et de Jupiter ! Artémis, la plus belle des vierges qui dans le vaste Olympe habitent la cour paternelle, le palais d’or du roi des dieux.
Salut, ô la plus belle des vierges de l’Olympe, Artémis ! À toi, reine, j’apporte cette couronne tissue des fleurs d’une prairie sacrée, où jamais le pâtre n’oserait conduire ses troupeaux, où le fer n’a pas pénétré, mais où l’abeille voltige, au printemps, sur la verdure inaltérable, que la pudeur solitaire nourrit
- ↑ Eurip. Hippolyt. p. 147.