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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

poulains et des flots de la mer. Ô fils de Saturne ! tu l’as élevée toi-même à cette gloire, en ayant, pour la première fois, forgé dans ses rues le mors qui dompte les coursiers. Et cependant, sur la mer, la nef garnie de rames, poussée par nos bras, s’élance rivale des Néréides aux cent pieds. »

C’est, comme dans Eschyle, l’apothéose d’Athènes, mais une autre apothéose ; non plus celle de sa grandeur naissante et de ses premiers efforts contre les barbares, mais celle de ses arts et de son génie florissant par la paix.

À part cette richesse poétique des Chœurs, l’érudition moderne a cherché s’il n’avait pas existé, chez les Grecs et dans la perfection de leur art, une tragédie toute lyrique et une forme de comédie qui serait notre opéra-comique. Le docte Bœck, le spirituel Lobeck, le pénétrant Müller, le savant et sagace M. Thiersch, ont soutenu l’affirmative. Mais Hermann[1] a tout réfuté, en expliquant mieux des inscriptions antiques, où, dans la série des vainqueurs aux jeux d’Orchomène, on avait cru reconnaître des poëtes et des chanteurs affectés à une forme toute lyrique de drame sévère ou gai.

Hermann démontre qu’il ne s’agit dans ces listes que des représentations de l’ancien et du nouveau répertoire, c’est-à-dire des acteurs et des chanteurs ap-

  1. Herm. opusc. t. VII, p. 211.