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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

n’étaient tous deux contemporains ; et, dans l’époque qui les réunit, Pindare n’a pas eu d’autre rival.

Ce rapport de dates est marqué dans un fragment d’une ancienne chronique en vers grecs[1]. « Au temps, est-il dit, où parurent à Marathon et à Salamine les Perses homicides et Datis à la voix sauvage, alors même vivait Pindare, pendant qu’Eschyle florissait dans Athènes. » Belle manière de noter une époque par le synchronisme de deux victoires et de deux grands poëtes ! Mais soyons plus précis encore : les marbres de Paros fixent à la dernière année de la soixante-sixième olympiade, sous l’archonte Ménon, la naissance du poëte Eschyle, cinq cent vingt-cinq ans avant notre ère.

D’autre part, un témoignage antique place la représentation de la tragédie des Perses à la quatrième année de la soixante-quinzième olympiade, dix ans après Marathon, et l’année même de Salamine, deux journées où le poëte, qui célébrait ainsi la seconde, avait également combattu. « Au temps de Salamine, nous dit encore un témoignage authentique, le poëte thébain Pindare atteignait sa quarantième année. » Ainsi, d’après ces dates glorieuses, Marathon, Salamine, Eschyle et Pindare étaient nés à cinq ans l’un de l’autre ; et ils auraient pu se rencontrer rivaux d’héroïsme et de génie sur le champ de bataille et au théâ-

  1. Βιογράφοι, ed. A. Westerm. p. 95.