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CHAPITRE X.


Eschyle contemporain de Pindare. — Affinités des deux poëtes ; rapprochements et différences. — Grandeur et variété du lyrisme d’Eschyle.


Eschyle, le grand Eschyle ! non, jamais il n’y eut chantre plus animé de la verve lyrique. Jamais cette poésie de l’hymne religieux ou de l’hymne guerrier, de l’adoration divine ou de l’ardeur patriotique, n’éclata dans des vers plus hardis, d’un tour plus extraordinaire et plus libre. Par un art nouveau, que le poëte créait comme ses acteurs et son théâtre, par un secret qui n’est qu’à lui, son hymne est un drame, son accent inspiré passe à ses personnages ; et vous avez à la fois sous les yeux le délire de l’enthousiasme et l’action vraie de la scène. C’est bien Eschyle qu’on peut appeler le prophète du polythéisme, l’homme doué d’une seconde vue, sublime, énergique, terrible, et, avec les événements et les hommes de l’histoire, faisant apparaître les visions de son âme.

Pindare n’aurait pas eu plus grand précurseur, s’ils

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