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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

pour quelques vers qui ne me semblent que le début d’un hymne à la gloire d’Athènes :

« Salut, braves[1], vous qui avez remporté le grand honneur de la guerre, enfants d’Athènes, habiles cavaliers qui jadis, pour votre patrie aux belles fêtes, avez consumé votre jeunesse, en suivant un parti contraire à celui du plus grand nombre des Grecs ! »

Simonide aussi donna l’exemple de cette poésie domestique qui célébrait des victoires dans les jeux publics, ou des joies et des douleurs de famille. En cela il devançait Pindare, ce semble, avec plus de simplicité. Poëte lyrique, il se servait de mètres moins variés, où ne se marquaient pas la strophe, l’antistrophe, l’épode et tout l’appareil musical de la lyre thébaine. Ces pièces, cependant, d’un tour simple et délicat, étaient aussi des odes et doivent être comptées parmi les modèles que suivit Horace. Tantôt c’était une méditation sur les chagrins et la brièveté de la vie, tantôt une tradition de la Fable, racontée avec cette douceur émue que le poëte portait dans ses propres souvenirs de regrets et ses consolations d’amitié. Telle est cette ode sur Danaé :

« Comme le vent frémissait[2], soufflant sur le coffre

  1. Χαίρετ’ ἀριστῆες, πολέμου μέγα κῦδος ἔχοντες,
    κοῦροι Ἀθηναίων ἔξοχοι ἱπποσύνῃ,
    οἵ ποτε καλλιχόρου περὶ πατρίδος ὠλέσαθ’ ἥβην,
    πλείστοις Ἑλλάνων ἀντία μαρνάμενοι.

    Poet. lyr. græc., ed. Bergk, p. 796.
  2. Dionys. Halicarnas, t. V, p. 222.

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