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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

L’antiquité n’a jamais nommé l’auteur de la chanson d’Harmodius et Aristogiton. C’était le peuple athénien. La même passion sanglante, la liberté revendiquée au prix du meurtre, n’aurait pas ailleurs trouvé la même illusion de langage : « Sous des rameaux de myrte je porterai le glaive[1], comme Harmodius et Aristogiton, lorsqu’ils tuèrent le tyran et qu’ils firent Athènes libre sous les lois.

Cher Harmodius, tu n’as pas cessé de vivre ! Mais, on assure que tu habites les îles des bienheureux, où est le rapide Achille et, dit-on, le fils de Tydée, Diomède.

Sous des rameaux de myrte je porterai le glaive, comme Harmodius et Aristogiton, alors que, dans les fêtes d’Athènes, ils tuèrent le tyran Hipparque.

Votre gloire durera toujours dans les siècles, cher Harmodius et Aristogiton, parce que vous avez tué le tyran et fait Athènes libre sous les lois. »

La poésie grecque, et surtout celle qui parlait de myrte, n’avait pas toujours cette humeur farouche et ces souvenirs implacables.

Anacréon et même Simonide prenaient fort en patience le pouvoir des petits despotes de Sicile et le luxe de leurs cours. On sait la célébrité d’Anacréon ; il n’est pas de nom grec plus connu.

L’immortalité littéraire tient à l’art bien plus

  1. Poet. lyric. græc., ed. Bergk., p. 871.