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CHAPITRE IX.


Chants populaires de l’ancienne Grèce. — Anacréon. — Simonide.


Plus tard, dans ce bel âge de poésie que commencera Pindare, nous retrouverons encore l’accent lyrique se mêlant à la philosophie chez un peuple amoureux des arts. Il nous reste à suivre, avant cette époque, le jeu de la lyre dans les soins, les passions, les plaisirs familiers de la vie.

En quel pays plus que la Grèce dut-il se rencontrer une poésie anonyme et populaire ? Là où le génie sortait, en se dégageant comme une flamme plus vive d’un milieu tout spirituel, la foule même étincelait. De là souvent une licence de langage qu’excitait la corruption même du culte ; mais, souvent aussi, une noble poésie, dans l’expression même de ce que la vertu devait condamner. Nous ne rassemblons pas ici le reste des refrains épars de ce peuple poétique, chants de guerre ou de fête, chants du marin ou du moissonneur ; mais l’histoire ne peut oublier ce qui sert à l’expliquer et fit battre des cœurs généreux, même en les égarant.