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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

que le puissant Iarbas sortit, sur leur sol, du sein des plaines brûlantes fécondées par Jupiter. Aujourd’hui même, en Égypte, le Nil, engraissant de sa chaleur humide la matière qu’il rend charnue, produit des êtres animés. »

Empédocle, malgré quelques traditions fabuleuses attachées à sa mémoire, donne une date certaine à ses écrits. Il n’en est pas ainsi des Vers dorés transmis sous le nom de Pythagore. Sont-ils de sa main, ou du moins de sa première école ? Faut-il les ranger parmi ces fictions d’un âge savant qui tâchait, à la fois, d’imiter et de transformer certaines traditions antiques ? Nous n’affirmons rien à cet égard.

Le commentaire d’Hiéroclès, à la fin du quatrième siècle, cet effort pour opposer les maximes d’un ancien philosophe à celles du Christ, suppose sans doute un monument païen de quelque autorité, mais n’en témoigne pas l’authenticité absolue. Quant aux Vers dorés en eux-mêmes, saint Jérôme s’accuse d’en avoir confondu quelques passages avec des versets de l’Écriture sainte. La morale en est haute, il est vrai, l’accent austère et simple[1] :

« Plus que devant tout autre, rougis devant toi-même. — Honore ton père et ta mère, tes parents les plus proches ; et, parmi tous les autres, choisis, dans l’ordre de la vertu, le meilleur pour ton ami. »

  1. Hier. Phil. Alex. in Aur. Carm., ed. Needham, p. 3.