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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Thalès, Phérécyde, Épiménide, Xénophane, Parménide, Empédocle, appartiennent à cet âge de la philosophie unie à l’imagination. C’est l’âge des philosophes qu’Aristote[1] a nommés, les uns physiciens, les autres théologiens, pour marquer les deux objets de contemplation qu’ils se partageaient, et qu’ils essayaient parfois de réunir.

Le système de Thalès, dont la trace est visible dans plus d’un souvenir de Pindare, n’était qu’une tradition reçue de l’Orient par un Grec d’Ionie. Son disciple Phérécyde semble également avoir emprunté à la Chaldée le dogme de l’immortalité de l’âme, si marqué dans le livre arabe de Job ; mais rien ne s’est conservé en original de cette transmission antique. C’est avec Xénophane que la philosophie grecque nous parle pour la première fois la langue de la poésie. Les vestiges qui nous en restent ne répondent pas aux conceptions hardies dont ce nom a gardé le tort ou la gloire, dans les annales de la philosophie. Ce sont des vers élégiaques, où il ne s’agit ni de ce panthéisme reproché à Xénophane, ni de cette unité spirituelle[2] qu’il reconnaissait, dit-on, dans la première cause.

Par un autre côté, cependant, les fragments de poésies conservés sous son nom intéressent nos recherches. On y trouve une censure amère de ces jeux guerriers liés aux mœurs, à la religion des Grecs,

  1. Arist. Metaph., lib. I, § 55.
  2. V. la belle notice sur Xénophane, par M. Cousin.